
Francis Bebey pour moi fait partie des hommes qui ont compris que transmettre donne un sens à nos réalisations. Transmettre par la musique et l’art sous toute ses formes.
Notre vivons dans une ère qui manque d’identité. Parfois, on devrait jeter un coup d’œil en arrière et prendre conscience du subliminal héritage que nous ont laissés des Hommes comme lui.
Un héritage sans borne
Ses douces mélodies ont bercées ma tendre et joyeuse enfance et j’ai voulue lui rendre un hommage et vous partager ma passion pour ses œuvres.
Des année après sa disparition, ses œuvres témoignent de sa grandeur d’âme mais aussi de son farouche désir de transmettre. Il a, avec légèreté et humour marqué son passage au monde en créant des mots et des sons qui aujourd’hui sont intemporels.
Né dans le village d’Akwa, qui aujourd’hui fait partie de l’agglomération de Douala au Cameroun, son père l’a initié très jeune à la musiques et aux arts modernes.
Francis Bebey, de son vivant était profondément enraciné à l’Afrique, ce continent qui l’a vue naître.
Devenu poète, écrivain, chanteur, guitariste, auto-compositeur et concertiste internationale, Francis Bebey était un homme authentique et original. Ses œuvres sont d’ailleurs là pour le témoigner.
Il a su avec beaucoup de simplicité accorder autant la culture que les instruments Africains et Européens.
Francis Bebey jouait de trois instruments: la guitare, la sanza et la flûte pygmée à un seul son, le N’dehou.
Le N’dehou est une flûte Pygmée qui reproduit les mélodies des chants d’oiseaux et dont on joue en utilisant les ondulations de la voix.
Les témoignages qui abondent au sujet de Francis Bebey sont toujours très éloquents. Ils décrivent un homme charmant, intelligent, humble, humaniste, courtois avec une joie de vivre contagieuse.
Entrer en relation et transmettre par le rire
Francis Bebey avait par dessus tout un sens de l’humour qu’il partageait dans ses œuvres. C’était un homme qui aimait rire et faire rire.
Il avait un rire comme celui qu’a hérité chaque africain. Ce rire généreux, large, universel et qu’on distille sans faux semblant même lorsque tout espoir semble perdue.
Léopold Sédar Senghor, l’un des plus grands poètes qui a marqué le siècle à lui aussi définit ce rire dans son poème «L’Homme et la bête». Pour ce grand homme, le rire est la marque du triomphe de l’homme sur la bête et le monde.
Dans ses œuvres, romans, poèmes, chansons, musiques, contes, Francis Bebey usait de l’humour. Pour lui, c’était non seulement une philosophie de vie, mais aussi un moyen de défense et un garant authentique de nos valeurs fondamentales. L’humour et la joie sont présents dans toutes ses créations.
Pour Francis Bebey, le rire permettrait de rebondir quand les obstacles entravent notre chemin et d’avoir une vision du monde qui permet de relativiser et de donner à chaque situation sa juste valeur.
Son œuvre Le fils d’Agatha Moudio est celle qui m’aura le plus marquée et accompagnée tout au long de mon enfance. Dans cette œuvre Francis Bebey nous fais prendre conscience que l’on peut transcender des drames grâce à l’humour.
L’histoire…
Mbenda après avoir réussi à concilier la tradition et son cœur, se retrouve avec deux épouses, Fanny, promise par un ami de son père et Agatha, la femme de son cœur.
Chacune lui donne un enfant. Mais le fils d’Agatha est un métis. Cet enfant «refuse de prendre la couleur locale». Le roi Salomon rétablit la situation en rappelant que tout enfant descend de «l’arbre de la vie». Le jeu du roi Salomon ici a pour rôle de nous transmettre «une vérité essentielle: Celle du respect inconditionnel de la vie. Il vaut donc mieux rire de tout ce sur quoi nous n’avons aucune emprise».
Des oeuvre qui transcendent le temps
Francis Bebey s’est fait connaître au monde francophone grâce à ses chansons humoristiques.
Il rencontre le succès avec le rire Africain qui contient entre autres «Agatha» une chanson bourrée d’humour mais pas que! Cette histoire de cet enfant café au lait et qui n’était pas comme les autres enfants du village, c’était aussi comme il l’aurait déclaré plus tard sa façon à lui de lutter contre le racisme. D’«Agatha», à si les gaulois avaient su en passant par La condition masculine, Francis Bebey cultivait l’humour avec délice et malice comment ne pas en être nostalgique?